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jeudi 18 juin 2015

La formation classique des artistes d'autrefois

Quelle formation recevaient donc les grands maîtres d'autrefois ?  

 

Même si je ne vais pas ici faire une étude approfondie de la question. Je vous livre le cursus type décrit par Juliette Aristide dans son livre "Classical Drawing Atelier" ou "L'atelier de dessin" pour la traduction française. Je m'appuie également sur ce qu'il reste du célèbre cours créé par Charles Bargue et Jean-Léon Gérôme, à savoir la publication de planches destinées à l'étude du dessin. Car ce sont deux sources qui me semblent être deux exemples très représentatifs de la formation classique.

Quel est l'objectif recherché ?

 

On peut distinguer deux types d'objectifs mis en avant dans les formations artistiques :
  • Il y a celles qui ont pour objectif l'expression de soi 
  • et celles qui visent plutôt un apprentissage où c'est la technique et la représentation du "réel" qui prime
Aujourd'hui bon nombre d'entre elles relèvent du premier, ont tendance à envisager toute technique comme entrave à s'exprimer, tournent le dos à la représentation du réel et sont plutôt pauvres en ce domaine, sauf peut-être concernant les techniques d'effet de matière. Elles découlent généralement des mouvements rejetant ou se détachant de l'académisme au XIXe et XXe siècles. Les secondes sont très exigeantes sur les aspects techniques. Certaines très proches de cet académisme et d'autres l'intégrant plus en filigrane avec des objectifs et une application particulière comme le design, l'illustration etc. L'évolution des outils et médiums vers le numérique ne change en réalité pas les notions à acquérir. A la tablette ou sur une feuille de papier les principes du dessin restent les mêmes. Idem pour la peinture.

L'objectif de la formation classique était basé sur la recherche de représentation de la nature, c'est à dire du réel, selon le principe de mimesis (imitation de la nature) d'Aristote. Pour cela il était, et est toujours nécessaire de bien connaître les différentes règles et techniques du dessin. Mais Le but final était que l'élève soit en capacité de choisir entre représentation réaliste ou idéalisée. Il pouvait donc effectuer des œuvres plus personnelles laissant d'avantage de place à sa propre interprétation.

Le cursus de l'école classique en atelier

Il s'effectuait au minimum en 4 ans sous la férule d'un mentor, un artiste plus âgé à raison de 6h de travail par jour. Ceci non seulement pour acquérir les notions et savoir faire de base qui sont très nombreux mais également pour apprendre à ne pas être juste dépendant de l'inspiration... qui n'est pas toujours au rendez-vous. Il faut donc savoir travailler sans elle parfois pour avancer.

Voici peu ou prou le contenu de cette formation.

1re année : le dessin

  • la moitié du temps était consacrée au dessin à partir d'un modèle vivant alternant poses courtes et longues (parfois plusieurs mois)
  •  l'autre moitié à des copies d'oeuvres de maîtres et de moulages de plâtre (j'en reparlerai dans un article ultérieur) le tout uniquement en noir et blanc.

2de année : introduction de la peinture

  •  on faisait les mêmes exercices que la première année mais cette fois à la peinture et uniquement en grisaille c'est à dire en noir et blanc ou du moins monochrome.
  • une partie de ce travail se faisait d'après des plâtres, une autre d'après modèle vivant

3e année : introduction de la couleur

  •  le travail d'après modèle vivant se faisait désormais à la peinture en couleur
  • on commençait à travailler des natures mortes ce qui permettait d'affiner la compréhension de la composition
  • on effectuait des copies de tableaux de maîtres, mais cette fois-ci à la peinture afin de mieux connaître la composition, l'utilisation des couleurs etc

4e année : Synthèse

  •  on réunissait tout le savoir acquis les années précédentes pour créer des peintures plus complexes comme des intérieurs avec personnages
  • on réalisait toujours des travaux en couleur d'après des modèles vivants
  • on étudiait le portrait, la nature morte etc
  • le travail personnel avait enfin sa place via des travaux à partir de l'inspiration, l'esquisse d'idées pour créer des oeuvres originales
  • et on continuait à réaliser des copies de maîtres

 Au sortir de l'atelier on restait un artiste débutant malgré toutes ces notions apprises et ce travail fourni. Devenir un artiste accompli, même avec une solide formation a toujours été le chemin d'une vie entière.

En France, la formation classique traditionnelle aurait disparu ou presque entre 1880 et 1950. En tout cas dans les cursus "officiels". On peut trouver des bribes de cet enseignement par ci par là chez divers artistes mais rarement l'intégralité. On peut aussi trouver, comme à l'école municipale de dessin de Montauban de superbes plâtres du XIXe sicèle dormant sagement sur les étagères, souvenirs de cette ancienne pédagogie.

Il semble que cet enseignement ai perduré aux Etats Unis jusqu'à aujourd'hui ainsi qu'en Russie voir même en Asie.

En guise de conclusion et de pont entre le passé et l'avenir... voici une petite vidéo sur l'usage des médiums numériques, pour une nouvelle peinture d'après nature... qui restera l'école la plus stimulante pour nombre d'entre nous.



Je mets à jour cet article car je suis tombée sur cette conférence qui traite justement de la question de la place de l'enseignement classique aujourd'hui. Elle est en 5 parties et en anglais, désolée pour les non anglophones. Vous pourrez néanmoins apprécier les oeuvres qui y sont montrées.












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