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mardi 30 août 2011

Surcharge ou la leçon de Prud'hon

Mr Piet a toujours de bonnes idées de concours où il n'y a rien à gagner mais beaucoup à apprendre ! Celui-là était un vrai casse-tête : reproduire une sphère, des pieds ou des mains à la manière de Prud'hon.

J'aime beaucoup cet artiste, un virtuose des hachures. Le rendu de ses œuvres est très particulier et très "moderne" et en avance sur son temps je trouve. C'est un artiste du XVIIIe siècle et du début du XIXe siècle.

C'est évidemment de ses dessins dont il est question ici. On peut en voir quelques uns ici :
http://www.lankaart.org/article-prud-hon-dessins-67116245.html

Je ne savais pas trop par où commencer, surtout que je n'avais pas (est n'ai toujours pas) fait les cours sur les pieds et les mains... mais bof les boules ne m'inspiraient guère, pas plus que les pieds. J'ai donc recherché un modèle qui me parlait et j'ai craqué devant une photo représentant une main de bébé attrapant le doigt de celle d'un adulte. Émouvante différence de proportion, bel éclairage.

J'ai ensuite travaillé à partir des étapes proposées par cette artiste qui a tenté de retrouver comment Prud'hon travaillait. Une sorte d'archéologie expérimentale, à partir de l'observation de ses oeuvres et une bonne connaissance du matériel.

http://www.art.net/~rebecca/OnPrudon9.html

Je me suis d'abord familiarisé avec cette technique d'après son pas à pas :


Pas facile facile mais j'ai pris beaucoup de plaisir à le faire ! Mon matériel m'a donné pas mal de fil à retordre. J'ai travaillé sur du canson mi-teinte, une craie blanche Conté et un crayon fusain qui traînait au fond de mes tiroir... et pas de bonne qualité. Première erreur, la qualité des médium est un point important pour être à l'aise et confortable, pour avoir un bon rendu.

C'est d'ailleurs à cette occasion que j'ai appris que les craies Conté existaient en plusieurs dureté... par contre je doute que ça soit facile à trouver. Sauf peut-être dans des coffrets spécifiques. Or il se trouve que dans son pas à pas, elle utilise la même couleur en duretés différentes selon les couches. Du coup mon travail n'a pas la finesse qu'il faudrait puisqu'il s'agit de jouer sur des couches successives de hachures plus ou moins estompées. Et c'est là que l'on retrouve l'importance d'utiliser la bonne dureté de craie au bon moment ! Il faut être précis.

Puis je suis passée à l'exécution de l’œuvre pour le concours, toujours sur canson mi-teinte et avec le même matériel car malheureusement pas le temps de me procurer le matériel idéal. Bref c'est fait avec les moyens du bord !

Voici donc une sorte de pas à pas (j'ai pris quelques photos avec ce que j'avais sous la main : mon tél portable donc pas très bon), pour expliquer comment j'ai fait mais pas forcément à suivre sous peine de faire les mêmes glissades que moi.

Après avoir choisi un cadrage plus personnel d'après la photo, et une première mise en place, premières hachures pour placer grossièrement les zones de lumière :


Auxquelles viennent s'ajouter des hachures pour les zones d'ombres avec le crayon fusain


Quelques estompages plus tard... à ce propos, je pense que le flou ne vient pas de la photo mais de l'estompe


Nouvelle phase de hachurage :


On estompe à  nouveau et ça devient flou à nouveau :


J'ai remonté légèrement dans les valeurs sombres :


Rehachurage et précision de l'image, avec en prime le fond... et là (voire avant) catastrophe : mon crayon fusain ne s'estompe pas assez (trop gras) voir pas du tout ! Le rendu est durci et ne colle pas au sujet. Dommage.


Je pense que j'aurais dû m'arrêter à l'étape précédente et juste redéfinir un peu tout ça et achever le fond. Comme quoi c'est un travail précis et délicat que celui là. J'ai fait une belle glissade ! Il faudra que je retente ça avec du meilleur matériel. En tout cas j'aurais aussi dû moins écouter les étapes proposées sur le site de Rebecca car pour moi j'aurais pu m'arrêter avant. Et durant l'exécution il m'a semblé percevoir des choses différentes encore que ce qu'elle décrit. Sans nécessairement arriver à mettre des mots précis sur ce feeling, cette compréhension.

Il y a quand même des choses réussies dans ce dessin : construction la quasi impeccable, la belle lumière qui rend toute sa présence au sujet et à l'ambiance. J'aime beaucoup aussi le rendu du pouce de l'adulte et le bout de son index dont on sent bien l'épaisseur de la "matière".

En tout cas, tout avis constructif est le bienvenu sur ce travail où je me suis embourbée à la fin et c'est dommage. Depuis le vieux crayon fusain n'est pas à la poubelle mais a rejoint les crayons que je passe à mon fils de 2 ans et demi pour qu'il fasse ses premières armes en gribouillages !

jeudi 18 août 2011

Je croque

Cela fait un moment que je veux me mettre au rando-croquis urbain (à défaut d'habiter la campagne), à l'urban sketching.

Ne pouvant pas vraiment dessiner tranquille à la maison avec mes deux enfants tous petits, j'ai pris deux résolutions : la première c'est de faire un croquis par jour et la seconde de faire une sortie croquis par semaine en attendant la rentrée scolaire (qui va me délester d'un des deux marmots).

Le croquis par jour c'est pas mal, ça prend 5 min en moyenne surtout si j'attrape le matériel le plus rudimentaire et le plus à portée de main : mon carnet de croquis de base (un zap book) et des stylos billes car il y en a toujours sur mon bureau. Malgré tout j'ai un peu fléchis ces derniers jours... mais je vais m'y remettre. Le but est de garder contact avec le dessin, d'exercer un minimum l'oeil et la main pour ne pas perdre de réflexes, voire gagner un tout petit peu. C'est pas mal, ça permet de voir sous un jour différent son quotidien, car là pas question de sortir bien loi pour croquer. En même temps je ne me suis pas donné la contrainte de ne faire que d'après nature... mais je pourrais. Dans ce cas, il me faudrait aussi sortir les légumes du frigo etc. Non, je fais à l'inspiration. Parfois d'après nature, parfois d'après des images sur le net ou dans des livres qui m'inspirent...

Allez quelques croquis d'objets du quotidien que j'aime bien :

Un petit tour dans la salle de bain

L'étendoir avec les couches lavables

 
Le joli vélo en bois à tête de lion de mon filston
Il y en a d'autres, tous peuvent se retrouver dans ma galerie croquis du blog.

Les autres croquis, d'après photos y sont aussi (grenouille, éolienne) mais au final je les trouvent moins attachants.

Les vraies sorties croquis, c'est bien différent. Cela demande plus d'organisation. Pas forcément plus de matériel quoique. Le confort est quand même important. Je referai probablement un article quand j'aurais acquis plus d'expérience car là je débute.

Jusqu'à présent, j'avais placé un petit carnet A6 en papier craft dans mon sac à main, accompagné du pack de 4 feutres noirs Pitt de Faber Castel. J'en ai aussi en version sépia que j'aime bien. Parmi eux il y a un feutre pinceau que j'aime bien utiliser. C'est très pratique d'avoir ça dans son sac pour nous accompagner tous les jours. Il suffit d'oser le sortir quand on en a envie, que l'on voit quelque chose d'intéressant, quand on est dans les transports, une salle d'attente (bon là rarement intéressant à dessiner, ça ne m'inspire pas trop), si on arrive en avance à un rendez-vous etc.

Voici quelques croquis sortis de ce carnet, essentiellement pris à l'occasion de rendez-vous :




Les sorties croquis, c'est autre chose. Comme cela dure plus longtemps, il faut s'organiser et être confortable. Choisir un sujet ou un lieu où traîner baskets et crayons. Eviter tout ce qui n'est pas confortable. En fonction de la sortie cela va du simple cartable à tout un bardas dans un bon sac à dos.

Avant-hier j'ai testé ma première vrai sortie dans une zone industrielle que j'avais repéré. J'ai voulu prendre mon bloc de papier craft A3 quasi neuf et tester les 3 crayons (sanguine, blanc et pierre noire). Il m'a fallu un grand sac à dos pour rentrer mon bloc de croquis... J'ai pris une bouteille d'eau, deux ou trois bricoles, mes lunettes de soleil et enfourché ma bicyclette. Au final je n'ai fait qu'un seul croquis dont je ne suis pas très contente. Il est mal cadré, les proportions pas justes, le crayon sanguine s'est avéré mal adapté au sujet. Je me suis encore perdu dans les détails d'un sujet complexe alors qu'il y avait intéressant et plus simple à deux pas de cette usine.

Voici mon gribouillis :



Ceci dit finalement les conditions ont été difficiles, ceci explique aussi le résultat. Pas d'arbres ni de quoi s'asseoir dans un tel endroit, sans compter les odeurs pas très agréables (il me faudrait rajouter un pince nez dans mon attirail). D'un autre côté aucun passant en presque 2h donc on est tranquille ! Il commençait à vraiment faire chaud et j'ai fini par arrêter à l'approche de 11h. Heureusement que j'avais pris la bouteille d'eau... mais j'ai oublié un bon chapeau couvrant. Le format A3 debout est très mal pratique et lourd, donc prendre au maximum un format A4 (qui est de toute manière fatigante rapidement). Pour des formats plus grands j'envisage de m'acheter une sorte de tabouret de chaise pliante de camping, suffisamment compacte pour être placée dans un sac le dos, déjà un peu encombrant.

Je trouve en tout cas les médiums secs plus faciles à gérer en sortie. Mais je suis partante pour essayer les crayons aquarellables avec un pinceau à réserve d'eau pour faire du croquis couleur. Les feutres c'est sympa aussi mais je n'ai pas encore assez de couleurs, il faut dire que c'est assez cher et que je vais donc me fournir petit à petit.

Bon en vrai j'ai déjà fait des sorties croquis plus courtes, plus simples et confortables. Je ne les aies pas comptées car c'était un peu par facilité : un petit tour rapide au parc ou dans le quartier et puis voilà. Pas vraiment choisi un sujet à explorer comme là. D'ailleurs j'avais pris à ces occasions un carnet A4 ou mon zap book A5.

En voici quelques uns :

En balade dans un parc

 Chez une amie

 Le vieux puits d'un voisin

En stage dans une salle de boxe



Au restau japonais

Je trouve le croquis un exercice vraiment difficile en tout cas. Il y a tant de choses que l'on aimerait rapporter chez soi... J'ai tendance à vouloir trop me perdre dans le détail et à oublier l'essentiel du sujet. Les dessins plus aboutis me semblent infiniment plus faciles en comparaison, car on a tout le temps que l'on veut !

En tout cas c'est pas demain la veille que je m'inscris sur le site urbansketchers, que j'aime beaucoup !
http://www.urbansketchers.org/

Et ça n'est pas encore que je prends des sujets en chair et en os, comme des toutous et des passants... ça bouge beaucoup trop vite pour moi !

mercredi 10 août 2011

Mon avatar

Je tenais à raconter ici la petite histoire de mon avatar ! Ça ne sera pas long.

Ce dessin n'est pas de moi :


 

Il est chouette n'est-ce pas ? Moi je l'aime bien en tout cas. Il m'a été offert par DD de Signus alors que j'attendais ma petite fille qui est née sous le signe des poissons (astrologie occidentale) et lièvre (astrologie chinoise). C'est plus un portrait "imaginé" qu'un vrai portrait de moi, à partir de ce dessin qui lui est de moi :



C'est aussi ce que j'aime dans le dessin de DD (en plus du poisson lièvre) et le fait que j'ai toujours aimé les chemises corsaire !

Voilà donc Merci DD (une vrai star du croquis sur Signus) pour ce dessin et pour m'avoir autorisée à l'utiliser ici.

Et je rajoute que je trouve que c'est sympa ce genre de petits cadeaux entre copains de dessin. Après tout c'est fait pour circuler ! Bon même si moi je n'ai pas encore tout à fait le trait et l'imagination pour ce genre de chose. One day... maybe.

D'ailleurs, il m'a fait prendre conscience que je passerais bien mon dessin à l'encre un de ces jours, je pense qu'il y gagnerait en lisibilité en plus de me faire encore bosser le trait ! Une bonne mise en application après le Kalvin et Hobbes ?!



dimanche 7 août 2011

inspiration - expiration : respirons, dessinons des ciels

Voilà, les cartons du déménagement sont enfin vidés. Une nouvelle aventure peut commencer.
J'ai relativement peu écris finalement dans mon ancien blog, il est possible que je revienne donc sur une partie de mon travail, c'est plus facile et plus intéressant parfois avec du recul.

Mais revenons à nos moutons nuageux... J'ai terminé il y a peu un dessin qui clôturait une leçon sur les ciels. Superbe sujet qui permet de bien respirer. Quoi qu'à se promener le nez en l'air attention aux lampadaires !

Voici le dessin :


Hervé Sors, d'un écrivain en arbre trouve qu'il ressemble à la Grèce et qu'un travail proche d’Escher pourrait être entrepris. Je n'y avais pas pensé du tout ! Idée amusante en effet. Moi je voyais plutôt un chemin de nuage, miroir et pendant du chemin juste en dessous dans ce paysage de Mongolie, que j'ai traité de manière assez simplifiée, peut-être trop. Il faut dire que j'ai passé beaucoup de temps sur ce dessin, attrapé un bon mal aux yeux et mal à la tête à force de scruter les détails des nuages. J'avais envie de passer à autre chose.

Je ne suis qu'en partie satisfaite du résultat mais j'ai beaucoup appris et le prochain dessin sur ce thème sera forcément mieux. Et mes dessins de paysages auront des ciels un peu plus construits et habités.

Je voudrais en profiter pour parler de deux manières d'aborder le dessin selon moi, c'est aussi valable pour les autres arts visuels. Elles ne sont pas nécessairement incompatibles malgré ce que l'on pense. Au contraire je trouve qu'elles se complètent même si pour certains elles résultent d'un choix. Un peu comme l'inspiration et l'expiration forment à elles deux deux phases distinctes de la respiration. Attention, les deux peuvent se mêler et on peut trouver beaucoup de nuances... mais ici je vais faire simple donc simpliste aussi.

La première est plutôt tournée vers l'extérieur. On pourrait dire que la motivation est de décortiquer, rentrer en dialogue, comprendre le monde qui nous entoure. Si on veut éviter l'intellectualisme en dessin, il vaut mieux dessiner pour comprendre un objet, sa structure, sa texture, sa forme, sa dynamique intrinsèque etc. au lieu de tenter de réfléchir pour le comprendre avant de le dessiner. Cette démarche est un extraordinaire moyen de dialoguer avec notre environnement et de le découvrir chaque jour un peu plus. Évidemment cela va souvent mener à des études assez détaillées mais pas toujours.

Ainsi, pour ce dessin de ciel, il est arrivé un moment (que je trouve magique) où j'ai comme senti et perçu comment la circulation des masses d'air sculptent littéralement la "matière" des nuages. Une petite épiphanie qui fait que désormais je ne regarderai plus un ciel de la même manière en me promenant mais aussi que je tiendrai probablement compte de ces informations dès la construction de mes futurs dessins.

Cette démarche poussé à l'extrême amène au réalisme voir photo réalisme de certains artistes et prend beaucoup de temps d'exécution. Enfin ça dépend aussi du médium choisi.

La seconde démarche est plutôt tournée vers l'intérieur, vers le soi. On pourrait dire qu'elle fait d'avantage appel à la créativité, qu'elle se détache de la réalité pour aboutir parfois à l'art abstrait, non figuratif. C'est vrai et c'est faux. En tout cas elle cherche à représenter une idée, une émotion personnelles à l'artiste. Mais on peut très bien la mettre en forme de manière assez réaliste justement. Et ce jeu avec la réalité est vraiment d'autant plus plaisant qu'il ne concède rien en terme de qualité d'exécution. La technique devient au service de l'imagination et c'est au final ce que je cherche à développer.

Évidemment tout cela est un peu caricatural. En effet, on peut très bien représenter une nature morte, par exemple, très réaliste en cherchant à exprimer une émotion à travers elle. Le thème, les objets choisis, l'éclairage, la composition pourront se mettre au service de cette émotion. De vieux objets pourront évoquer la nostalgie, des fleurs le côté passager de la vie etc. Et mon dessin de Grytviken (cf. l'article "composition") qui découle plutôt de la seconde démarche reste un dessin complètement réaliste. Rien d'improbable voire d'impossible dans ce dessin. D'ailleurs, si nous revenons à Escher il combine à merveille les deux esprits : une idée totalement irréaliste mais pourtant matérialisée de façon très crédible... et ce jeu avec les limites du réel est très plaisant !

Tiens pour conclure, un autre dessin qui combine un peu les deux démarches... mais qui reste quand même improbable et c'est ça qui est amusant. Une chaussure inspirée des célèbres Docks Martins, de talons aiguilles et de chausses du moyen âge. Voici le résultat !

Feeling or not feeling

 (ancien article : 8 mai 2011)

J'ai passé pas mal de mois à trainer le crayon sans avoir vraiment de feeling malgré les envies. Il faut dire que j'étais enceinte et relativement épuisée. Et puis je sais par expérience dans d'autres domaines que ces périodes, difficiles à vivre, sont souvent le signe qu'un travail souterrain se fait... et que les résultats se verront un peu plus tard, une fois certaines choses intégrées.

C'est très frustrant mais si on tient bon en général on franchit ensuite un nouveau palier et les résultats sont là... et le feeling revient, l'inspiration aussi etc.

Pour surfer de temps en temps en haut de la vague il faut bien qu'il y ait aussi des creux

Après ce passage, j'ai enfin retrouvée un bon feeling artistique et mes dessins sont encore meilleurs. Pas parfaits : ça n'existe pas... mais bien meilleurs en terme de sensibilité et de technique aussi.

Ma créativité se débloque aussi petit à petit et je gagne en liberté. C'est un long chemin mais un virage a été amorcé et c'est avec plus d'aisance et de plaisir que je crée !

Quelle joie, que ça fait du bien ! L'ombre au tableau ? je ne me sens pas toujours comprise dans ma démarche... trop fine et complexe pour certains. Tant pis, j'ai l'habitude. Heureusement que mes maîtres eux voient et comprennent, cela me permet de tenir le bon bout et de ne pas m'écarter de la voie. Car oui on a aussi parfois besoin des autres pour se retrouver, se recentrer.

Résultat de tout ça, toujours pas assez de temps et plein de petits projets prometteurs dont j'ignore si j'irai au bout de tous.

En tout cas pour confirmer mon ressenti, l'un de mes dessins est affiché comme le meilleur à détrôner sur les murs de la classe. Il s'agissait de représenter un screenshot (petit pantin de bois) sur une boîte telle qu'on aimerai la trouver dans un magasin d'art.
Je suis partie de l'idée que ce mannequin de bois était au service de l'artiste et remplaçait avantageusement un modèle vivant. Je me suis inspirée d'une photo d'art et voilà le résultat... à la mine de plomb :


Ce que nous apprend la copie

 (ancien article : 20/02/2011)

Me revoili me revoilà,

J'ai fait dernièrement une copie d'un dessin de Kalvin et Hobbes pour mon fils de deux ans. 





Je me suis rendue compte que cela avait soulevé des problèmes techniques et questions intéressantes... ainsi qu'ouvert des réflexions, constatations sur la technique de l'artiste. C'est un peu de l'archéologie expérimentale finalement : aborder la technique et l'esprit de l'artiste... remonter le courant, décortiquer et comprendre. Peut-être pas tout, mais au moins ce qui peut nous intéresser nous.

Je trouve que copier une oeuvre que l'on aime pousse à se poser des questions en amont sur la démarche... mais moi (et c'est ce que j'aime bien) c'est aussi pendant l'exécution que je découvre plein de choses et que le geste, la démarche etc. se dévoilent.

Je pense que c'est de la prise d'information et une ouverture sur des façons de faire, des gestuelles etc. voire parfois des réponses possibles sur nos points faibles, sur ce qu'on ne sait pas très bien faire. Mais tout ça à condition, je pense, de choisir ce qui tombe au bon moment par rapport à notre démarche etc. et de varier pour voir plusieurs solutions possibles notamment et pour rester dans l'ouverture.

Il n'y a pas que les grands noms qui nous apprennent quelque chose. Je trouve que l'important c'est de trouver une œuvre qui nous attire, que l'on aime et qui semble correspondre, contenir aussi ce que l'on recherche dont certaines difficultés (sinon c'est pas drôle). Et je trouve que c'est au moment de la copie que l'on se rend parfois compte d'une partie des difficultés et c'est à ce moment souvent que je prends toute la mesure du chemin à accomplir pour moi et que j'ai envie de tirer mon chapeau à l'artiste qui l'a produite... et de le remercier pour la leçon.

Après je trouve aussi qu'il y a plusieurs manières de faire de la copie... du simple croquis plutôt rapide pour saisir rapidement (mais ça marche pas toujours lol) certains points. Et la copie plus sérieuse et approfondie... là j'ai tendance à utiliser la mise au carreau.
C'est un peu un carcan mais c'est parce qu'en général je n'ai pas envie (ou la capacité) de m'embêter avec la construction (enfin façon de parler), que je veux quelque chose de bien en place et propre et plutôt me concentrer après sur le reste : rendus, utilisation des médiums etc.

Pour résoudre le problème du manque de fluidité du trait dû à la mise au carreau... tout simplement je fais une mise en place générale et très légère avec et puis un second passage où j'essaie de regarder l'œuvre plus directement et de refaire des traits en les fluidifiant, en faisant des gestes plus continus.

Maintenant ce que la copie de Kalvin et Hobbes m'a appris :

J'ai justement beaucoup senti ce soucis sur Kalvin et Hobbes car je me suis rendue compte que le plus gros du travail pour ce type d'oeuvre c'est justement le trait. J'en ai bien bavé pour le rendre plus fluide au crayon et encore pire au feutre. C'est une bonne école du trait ! Sa largeur évolue et on doit tout faire en un seul coup au feutre aïe aïe le stress ! Il faut donc bien penser les choses, notamment le sens du geste. Et je me suis rendue d'ailleurs compte que certaines directions ne me posaient aucun problème : bonne fluidité, maîtrise de la qualité et direction du trait donc confort et plaisir. Et puis d'autres aaarg sensation de gêne et l'impression d'être handicapée ou que le feutre se rebellait. Et d'autres encore comportaient des changements de direction en cours de route, difficile de ne pas s'y reprendre à deux fois arrrg encore.
J'ai noté quand même une chose c'est que ce sont des dessins qui étaient exécutés pour un journal donc tous les jours ou toutes les semaines... et que ses traits n'étaient pas aussi "clean" que j'aurais pu m'y attendre. Il y a pas mal de reprises etc. bref les designers semblent d'avantage maîtriser en définitive cet aspect.
J'ai aussi appris que c'est le trait et la déformation des proportions des personnages qui donnait l'expressivité à ce type de dessin. C'est ce qui est recherché avant-tout. Et ça me paraît effectivement efficace et bien traité par l'auteur.
Ensuite il y a la couleur, elle est là pour animer un peu mais bon ça n'est pas l'essentiel : juste des aplats... sauf à quelques rares endroits où il s'est permis des nuances pour un tout petit peu de relief. Très minimaliste sur le modelé et cela semble volontaire.

Et puis aussi grosse galère sur la mise au carreau : j'en pouvais plus (mais les croquis faits en amont n'étaient pas satisfaisants et exploitables) car justement c'était des traits partout. Il fallait donc être précis. Et un grand plaisir une fois fait, ça a été super la suite : le cadre en place à moi la liberté !

Inutile de dire que mon fils adore ce dessin, qui trône maintenant dans sa chambre et l'anime joyeusement.

Petit concours, rien à gagner ?

 (ancien article : 10/01/2010)

J'ai besoin de prendre du recul et le blog m'aide donc me revoilà.

Je ne vais toujours pas aborder les deux thèmes dont je parlais dans l'article précédent... c'est en cours et je préfère attendre un peu.

Par contre, je vais parler d'un petit concours où il n'y a rien à gagner à part d'être fier d'avoir tenu ses objectifs, d'avoir gagné de l'expérience et du savoir par soi-même, de s'être essayé à quelque chose d'intéressant et ambitieux... et pour moi d'avoir accepté de rendre non pas quelque chose de fignolé et abouti mais simplement une ébauche.

Il s'agissait de choisir un proverbe ou une expression populaire et de l'illustrer à la manière de Bruegel l'ancien.

Ambitieux n'est-ce pas ?!! Et puis très intéressant pour moi qui suis quand même débutante dans la démarche d'illustration... mais espère bien progresser encore et encore là-dessus. (petit clin d’œil à Hervé avec qui j'espère un jour travailler sur ce point quand ma petite famille me laissera un peu respirer).

Bruegel, quel maître ! Ses dessins comme ses peintures ou ses gravures sont fabuleuses ! Il a vraiment sa pâte personnelle et son rendu loin d'être aussi naïf qu'il y paraît quand on regarde de plus près. Et puis quel humour tonitruant, c'est parfois très osé ! C'était pas un timide c'est sûr !

Voici donc comment j'ai procédé, démarche à rationaliser encore mais qui va m'aider pour d'autres travaux futurs d'illustration, c'est certain :

Il m'a fallu du temps, trop, pour trouver un proverbe... et puis j'ai fini par trouver une thématique qui m'intéressait personnellement et faire des recherches. Dur dur de choisir car il y en avait plusieurs qui me plaisaient et aussi des citations (dommage, hors sujet). J'ai fini par choisir un proverbe pour lequel des images, simples de préférence (faut bien ça pour commencer) me venaient à l'esprit.
Et puis j'ai aussi tenté le coup sur un proverbe encore plus simple, suggéré par mon homme, rien à voir avec ma thématique choisie. Une roue de secours disons... et une ébauche d'illustration supplémentaire donc un enrichissement encore.

J'ai tenté quelques croquis de Bruegel mais vraiment du rapide rapide juste pour appréhender sa manière de dessiner les physionomies. Et j'ai remarqué que ses personnages étaient souvent très charpentés, larges voire grassouillets et musculeux, tout en rondeurs. Les mains, les muscles des cuisses, mollets et même les têtes sont très ronds, sans parler du ventre ou des seins ;-) J'aurais aimé approfondir mais pas le temps, et pas le temps non plus pour croquer et analyser les décors. Simplement eu le temps de les admirer : arbres, paysages, bateaux, intérieurs tout est superbement travaillé et pensé.

Ensuite recherche documentaire contemporaine sur le sujet pour trouver des attitudes (humains et animaux), des idées d'objets etc. sur les deux proverbes. Et premiers croquis rapides au feutre ou au crayon pour mettre au jour les bribes d'idées et voir un peu ce que ça donnait. C'était rigolo d'ailleurs même si très mal dessiné. Pour moi c'était un sacré cap de passé : me ficher de la qualité, juste matérialiser mes idées sur le papier, même très maladroitement... car pour démarrer c'est ça qui compte le plus !

Une fois cette étape franchie, j'ai passé pas mal de temps pour rechercher des docs d'époque et j'ai fini par laisser tomber devant la difficulté pour le premier proverbe... pour le second j'ai trouvé de la matière et était à deux doigts du coup de choisir ma roue de secours... mais moins motivée quand même. Seul un détail me posait problème à illustrer...

J'ai donc repris la première idée et j'ai préféré rechercher directement ce que je pouvais glaner dans les docs de Bruegel lui-même pour les costumes, la physionomie des personnages etc. J'ai même chipé un personnage en partie dont j'ai modifié le visage et une partie de l'attitude. Je n'ai pas pu mettre tous les objets d'époque et dû tricher sur les verres car je voulais dessiner à l'intérieur... et des godets opaques ne pouvaient pas convenir, de même j'ai modifié la position des mains sur les verres pour que l'on puisse voir à l'intérieur. Bref j'ai quand même donné la priorité à l'illustration du proverbe et de l'idée/image qu'il véhicule.

Le résultat est sympa, bien mieux que les croquis d'idées de départ mais c'est une étude, une ébauche améliorée, pas un dessin vraiment terminé. Il aurait fallu bien plus de travail, de correction, de l'encrage etc.

Je me suis donc arrêtée à une étape intermédiaire faute de temps mais le principal pour moi c'est d'avoir relégué au vestiaire un certain perfectionnisme, d'avoir tenté le coup malgré les difficultés temporelles (et du coup d'avoir appris pas mal de choses), et de m'être disciplinée pour rendre mon dessin à temps quel qu'en soit l'avancement et le résultat. Bref d'accepter de m'arrêter là et de rendre quelque chose de pas fini.

Il y a eu une rallonge de quelques jours de délai mais je ne les utiliserai pas car pour moi ça serait retomber dans le piège du perfectionnisme chronophage et improductif, pour qui rien n'est jamais suffisamment bien pour valoir le coup d'être rendu...

Un petit jeu : je ne vais pas vous dire de quels proverbes il s'agit... essayez de deviner. Cela me permettra de voir si l'image illustre bien l'idée ou pas. Merci d'avance

Proverbe n° 1 :

Premiers jets au feutre



Version envoyée pour le concours (je n'ai pas réussi à obtenir un bon scan sorry)




Proverbe n°2 :

Premier jet au feutre





Et voilà, à vous de jouer !

Bravo à Hervé Sors (un écrivain en arbre) qui a trouvé la peau de l'ours mais pas tué la belle-mère pour le premier.

Passages à vide... I'm back !

 (ancien article : 6/01/2011)
 
Allez un petit article sur ce blog. Ils sont assez espacés, c'est vrai.
Dur dur en ce moment côté dessin pour moi... côté espace de respiration tout court.

Car oui, avec le dessin j'ai vraiment l'impression de me poser, de respirer, de prendre le temps de voir, de profiter des subtilités de la vie qui m'entoure : ses couleurs, ses lumières, ses formes. J'ai l'impression de voir les choses autrement, d'entrer en dialogue, de redécouvrir même celles qui semblent les plus banales. J'ai le sentiment de me recentrer... enfin quand les séances se passent bien . Bref c'est un peu ma méditation à moi. Une manière d'être ouvert au monde avec curiosité, de le redécouvrir.

On peut me dire mais tu fais déjà du Tai Chi, c'est une médiation aussi ça etc. etc. Oui c'est vrai mais pour moi elles sont complémentaires. Pour moi le tai chi est plutôt une écoute, une ouverture vers soi, un dialogue avec son propre corps, sa propre intériorité.

C'est comme ça que je le vis en tout cas.

Bref très difficile de dessiner ces derniers temps. J'ai eu une période très difficile : pas d'espace-temps. Le minimum vital dévoré allègrement par mon fils qui vient d'avoir 2 ans. Le petit espace de travail que j'avais, jusqu'à maintenant à peu près protégé, envahi par mon adorable petit monstre depuis qu'il sait grimper sur les chaises... et les tables. Le matériel étant fragile et précieux, impossible de le laisser sur ma table donc rangé systématiquement... ce qui est un bon frein au fait de s'y mettre et pratiquer quand on a peu de temps car une bonne moitié est grignotée par le fait de tout sortir... et reranger derrière.

Heureusement, mon adorable voisine m'a proposé un refuge dans le lieu qu'elle vient de créer. J'aime bien l'appeler mon atelier même si ça n'en est pas vraiment un. Je peux y entreposer le matériel le plus encombrant mais là aussi il me faut tout sortir et ranger à chaque séance. Seulement là c'est un après-midi par semaine (enfin quand tout va bien, ce qui n'est pas le cas depuis deux semaines) enfin disons 2h à 2h30 de séance ce qui laisse déjà plus de temps. Evidemment c'est loin d'être suffisant mais c'est déjà mieux que rien.

Les jours fastes j'arrive à dessiner un peu le soir ou même 15 minutes en journée. Mais c'est pas tous les jours la fête et le soir c'est beaucoup plus fatiguant avec l'éclairage artificiel.

Donc voilà, du coup quand j'ai un peu de temps je préfère dessiner qu'écrire ce blog même si je préfèrerai faire les deux.

Ce soir petite exception car ça fait du bien aussi de se poser et écrire un petit peu.

Ces derniers temps j'ai travaillé plusieurs thèmes, j'espère avoir le temps de développer un peu ici à voir...

Le thème de la couture pour un projet de nature morte. C'est la passion de ma voisine et vu qu'elle me prête son local gratuitement je lui dois bien ça. Le projet est en phase de blocage et en pause... bref ça décante.

Autre thème : croquis au feutre façon design. Très intéressant mais dur dur comme travail. Pour l'instant j'ai d'abord travaillé avec les moyens du bord (pas toujours complètement adaptés) d'après modèles pour m'imprégner de la technique. Me reste à explorer des applications personnelles.

Tiens je vais quand même pas vous laisser sans dessins... donc en guise d'image de la fin pour cet article un petit test le soir de noël avec les feutres reçus tout droit du Père Noël himself
Personnel et rien à voir avec le design publicitaire.


Composition

 (ancien article : 12/08/2010)

Sur le précédent article, je parlais de ma réconciliation avec le croquis.

Cela m'a beaucoup aidée pour le dessin dont je vais parler. Il est visible dans la galerie dessins et se nomme "Grytviken". Aussi je ne le poste pas ici. Ca te donnera, cher lecteur, l'occasion d'aller y faire un tour

Ce dessin m'a demandé du travail mais surtout beaucoup de réflexion et de maturation. Sur ces points je suis souvent un peu longue, en tout cas à mon goût. Enfin disons que j'ai un côté pitt-bull et que je ne lâche pas un dessin ou une leçon qui me pose problème.

Le côté positif c'est que je tourne et retourne le problème dans ma caboche, mâche et remâche jusqu'à trouver et intégrer. Le côté négatif c'est que j'ai du mal à lâcher prise, faire une pause et aller dessiner un peu ailleurs pour laisser les choses se poser un peu. Parfois faire un break et faire autre chose c'est bien aussi voire mieux.

Bref y'a des progrès à faire sur ces questions et justement faire des croquis de tout à fait autre chose, avoir plusieurs dessins en cours (mais pas trop) est une bonne solution aussi... il faut juste que je m'y colle cela me permettrait de dessiner d'avantage en plus... car ces raisons font que du coup je ne dessine pas encore assez... pourtant y'a pas que les prises de tête pour progresser... il y a mieux : la pratique la pratique... détendue de préférence.

C'est amusant comme une discipline quelle qu'elle soit nous demande parfois des efforts ailleurs que sur l'objet qu'elle concerne.

Je reviens donc à Grytviken, ancienne station baleinière en Géorgie du Sud où, à part quelques fans d'Antarctique, quasiment personne n'aura jamais l'idée d'aller. Sur ce dessin je souhaitais à la fois montrer ce lieu paumé et magnifique, évoquer l'expédition de l'Endurance (le petit bateau sur le dessin) et le massacre des baleines. Comme il est destiné à un projet d'illustration pour enfant, il était exclu (pour moi en tout cas) d'en parler en montrant directement les terribles images de dépeçage de baleines, certes très graphiques, mais trop dures à mon avis.

J'ai donc choisi volontairement quelque chose de très graphique (enfin je trouve) et de montrer des vertèbres de baleines abandonnées sur la grève.

J'ai fait beaucoup (enfin pas tant que ça mais pour moi qui n'y suis pas habituée c'est beaucoup lol) de vignettes d'essai. Avec des carcasses de baleine entières, des vertèbres etc. J'ai aussi essayé plusieurs cadrages sur Grytviken jusqu'à trouver celui qui me semblait convenir. Le choix s'est fait de lui même en fait. Le cadrage sur Grytviken a fait que tout ne "collait" pas avec. J'ai un pincement au coeur car certains dessins que je trouvais réussis et très graphiques ne s'intégraient pas du tout. C'était instructif en tout cas. Et puis je me console en me disant qu'on ne sais jamais, il sont dans ma besace et serviront peut-être plus tard.

Une fois les images sélectionnées, s'en est suivi un travail d'ébauche avec d'un côté la montagne qui surplombe Grytviken, qui est imposante, écrasante même, sombre aussi... et qui convient bien avec le thème. Cela m'a permis d'en comprendre la structure ma fois assez complexe ; même s'il m'a fallu accepter de prendre du temps pour ce travail. Mais quand je vois le résultat sur le dessin final... je ne le regrette pas ! Ce dessin m'a vraiment permis de "débroussailler" le travail futur et de me confronter déjà aux difficultés techniques... tout en me laissant le temps d'y apporter des solutions... avec moins de stress et plus de liberté aussi puisque ça n'était qu'une ébauche. Et puis j'allais oublier, il m'as permis aussi de tester un peu le médium est ses aléas. Allez voici ce dessin préparatoire, le papier craft vert passe très mal au scan... mais c'est la vie :




De l'autre côté, un autre dessin préparatoire, dans le même esprit sur des vertèbres de baleine, après avoir déterminé leur cadrage etc.

Et ensuite, c'est là que j'apprécie particulièrement l'ordinateur... On peut passer les images en noir et blanc pour plus de lisibilité. Les retourner etc etc bref leur faire subir pas mal de changements et surtout surtout les réunir sur une même image... pour rechercher Le cadrage final. J'ai fait beaucoup beaucoup d'essais jusqu'à trouver celui qui me convenait, où je trouvais que l'image était cohérente c'est à dire que ces deux éléments me semblaient bien intégrés l'un par rapport à l'autre. J'ai laissé reposer quelques jours les divers essais avant de me décider vraiment. Et puis voilà, une fois tout ce travail préparatoire fait... je me suis lancée et je dois dire qu'il ne m'est quasiment resté que le plaisir tant les difficultés ont été aplanies en amont !

Et je suis ma fois assez contente du résultat ! J'ai même l'impression d'avoir gagné du temps alors que je me serai attendue à passer beaucoup plus que ça sur le dessin final ! Que voici :

Réconciliation avec le croquis

(ancien article : 27/05/2010)

 Enfin, ça y est presque ! Me voilà quasi réconciliée avec le croquis. Si ça continue je vais aussi me réconcilier avec le dessin d'étude. Je ne peux pas tout montrer, certains dessins sont top secrets. Voici donc des gribouilles qui ne le sont pas :






J'ai enfin accepté de faire dans le dessin crado, fait à la va vite pour ne pas perdre une idée, une attitude, une ambiance... et construire ainsi un vocabulaire personnel, ouvrir des pistes, planter des graines...

Amateurs de jardin bonjour ! Qui eut dit que dessiner ou plutôt croquer avait à voir avec l'art de jardiner ? Et oui, notre imaginaire créatif ressemble finalement à un jardin qu'il faut arroser, nourrir, et semer parfois pas mal de temps à l'avance avant de voir s'épanouir les idées, les concepts.

J'apprens ainsi à regarder autour de moi tout près, ce qu'y s'y passe, s'ancrer dans la réalité, mouvante, changeante, anodine et pourtant belle... à sa manière. C'est une question de regard. Tout n'est qu'une question de regard.

Apprendre à regarder est donc essentiel... sous peine de finir aveugle... et sourd aussi. Le croquis est une fabuleuse manière de l'apprendre.

J'ai déjà repéré une zone industrielle très intéressante... et les sujets ne manquent pas de toute façon.


Avis aux amateurs !

Galères et blocages

(ancien article : 13/05/2010)

Me revoilà... et avec un dessin.

Toujours aussi peu de temps pour dessiner en ce moment... mais je travaille d'autres aspects autour du dessin.

Face à des galères et des blocages répétés ces derniers mois... je me pose des questions... les réponses viennent à moi petit à petit.

Mon prof. a eu cette phrase : "à chaque dessin je ne suis pas satisfait et je me dis que le suivant sera meilleur". Cette phrase je la fais désormais mienne car avant qu'elle m'arrive je m'arrêtais à "à chaque dessin je ne suis pas satisfaite"... et après que faire ? Forcément ça n'aide pas à avancer.

J'ai dû prendre la décision de terminer et arrêter de travailler sur ce dessin :
Il m'a fait toucher du doigt des limites à repousser... plus tard. Je prends simplement note. Revoir le choix du papier pas adapté au fusain. Représenter mais avant comprendre et observer les pierres, les végétaux.

Parfois il faut savoir s'arrêter et passer à autre chose.

Parfois aussi, l'envie de réussir finit par être source de blocage. C'est souvent quand un projet de dessin me fait très envie, qu'une image me plaît énormément que ça bloque. En effet, cela semble mettre dans un état d'esprit qui n'accepte pas l'échec, le tâtonnement, la recherche. Et comme ça n'est pas vraiment comme cela que cela fonctionne... ça ne peut que mal se passer.
Et puis le trait et le traité s'en ressent aussi : il se fige, est trop contenu, se perd dans les détails.

Ceci dit j'aime bien ce dessin même si je lui en veux de m'en avoir fait autant voir
(3 mois de galères quand même !)
J'aime le cadrage, la lumière un peu lunaire. Mais je me rend compte que la tâche était ardue : la photo trop petite ne m'a pas toujours permis de comprendre mon sujet et j'ai manqué d'informations là où j'en avais besoin.

Il n'est pas facile non plus de savoir quel degré de détail. Jusqu'où aller et où dans le dessin. Du coup je trouve mes vignettes plus réussie car c'est une échelle où le détail n'a pas sa place. C'est plus facile à gérer donc.

Autre soucis avec ce dessin et la pierre : la gestion des valeurs et des textures. Pour le rendu de la pierre, j'ai du mal à faire coexister les deux. Décidément il me faut me pencher sur ce mystérieux matériaux !

J'avais déjà rencontré ce soucis sur ce croquis (des soucis perspectifs aussi) :





Il y a souvent beaucoup de détails sur une pierre... et il est vraiment difficile de les représenter tout en conservant l'ambiance lumineuse d'ensemble, le volume etc.

Même si... même si sur le dessin suivant (précédent ici) c'est déjà beaucoup mieux mais pas encore tout à fait ça.

En ce moment, je rencontre souvent aussi des galères techniques avec les papiers. Je n'arrive pas à trouver Le bon papier pour ce que je désire faire. Résultat c'est pas terrible et le rendu s'en ressens, je souffre aussi durant l'exécution car il me met des bâtons dans les roues... ou carrément et pire, le dessin n'est pas faisable faute de trouver la perle rare avec les propriétés qui conviennent.

C'est un peu désespérant et décourageant .

D'autant que je suis vraiment décontenancée par la pauvreté du choix offert dans les magasins de dessin... en fait il me faudrait trouver quelqu'un qui connaisse ça sur le bout des doigts... autant chercher une aiguille dans une meule de foin. Ou comme diraient les chinois : plonger pour aller chercher l'aiguille au fond de la mer.

Du coup je me console en me plongeant dans un nouveau cours sur la perspective du cube... l'attention et la réflexion soutenue que cela demande en est presque reposante.

Par ailleurs tous ces problèmes m'ont amenée à me poser des questions sur la créativité et je suis en train de lire deux superbes ouvrages sur la question... mais pas encore commencé les exercices. J'espère que cela lèvera ces satanés points de blocage et apportera de l'eau à mon moulin parfois coincé... par une pierre pardi !

Le mieux est l'ennemi du bien

(ancien article : 19/03/2010)

..........En ce moment je bloque beaucoup pour avancer. De vieilles croyances ressurgissent et c'est difficile de leur tordre le coup tellement elles sont ancrées. Mais j'y travaille !
Des problèmes de méthodologie aussi qui favorisent l'inquiétude et la montée du stress dès que je dois sortir de ma zone de confort. Comme pour tout le monde
En effet, en ce moment c'est vraiment foisonnant de nouveautés même si je dessine peu, trop peu et cela ne contribue pas à me rassurer.

J'ai tellement de motivation et d'envie d'avancer, de réussir de beaux dessins, que, paradoxalement, cela en vient à me freiner plutôt qu'à me servir de moteur pour avancer. Je me focalise trop sur l'objectif à atteindre et j'ai du mal à accepter le temps et les étapes nécessaires pour y parvenir. Bon il faut dire aussi que les étapes je ne les connais pas encore toutes très bien.

Heureusement, je prends du recul et tout cela me fait sourire de plus en plus... mais par moment, je suis comme essoufflée, je transpire rien qu'à l'idée de tenir mon crayon tellement c'est dur. Pfff que c'est risible quand même !

Je sais que certains artistes ont souvent gardé une part enfantine qui leur sert de moteur, d'inspiration et qu'ils expriment à leur manière. Mais moi, pour l'instant, c'est justement elle qui me met des bâtons dans les roues avec ses croyances et ses exigences immatures et inexpérimentées. Cette part de moi refuse parfois l'apprentissage, voudrait être arrivée avant d'avoir commencé, a du mal à accepter l'erreur et veut se persuader qu'elle sait tout et peut tout faire comme une grande.

Arf arf arf, je lui rit au nez ! C'est pas parce que tu as des dispositions et que tu as réussi quelques dessins que tu sais tout de l'Art, que tu comprends tout, que tu n'as pas des faiblesses à travailler et que tu peux te passer d'explorer et aller voir comment font les autres et ce qu'ils ont compris.

J'aime beaucoup Gombrowicz et surtout Ferdydurke parce qu'il traite très bien du problème de l'immaturité. Ce gars-là avait tout compris du monde dans lequel on vit : plus on est sérieux, trop sérieux et impérieux sur un sujet... plus en réalité cela cache une formidable immaturité... pas assumée. Être vraiment adulte c'est peut-être justement assumer ses zones d'immaturités, sa part enfantine. Pratiquer un art peut peut-être s'avérer un vecteur, un moyen d'y parvenir... je ne sais pas.

Bon bref en ce moment je me remonte les manches, je chausse mes gants de boxe et je fais la fête à ces fichus croyances enfantines que l'on m'a collé sur le dos. Car oui, elle ne viennent pas de nulle part : combien de gens (à commencer par le milieu d'où je viens) pensent que l'art ne s'apprend pas, que c'est un don et qu'il n'y a pas à travailler pour y arriver. La plupart des gens pensent que tout doit couler de source et que sinon bin c'est fichu d'avance et que c'est pas la peine. Bref ou on est un génie qui réussit tout tout le temps ou il vaut mieux abandonner. Dur dur quand même de penser les choses ainsi. Combien de Mozarts laborieux assassinés par des pensées pareilles ? Un paquet à mon avis. Ce qui me fait bien rire c'est qu'à bien y réfléchir, qui pourrait être capable de telles choses s'il n'était démiurge ou téléguidé par le boss himself ? C'est la seule possibilité logique face à quelqu'un qui aurait la science infuse. Or, je suis sûre que l'on trouverait parmi les athées beaucoup de gens véhiculant ces croyances. Étrange non ? Et pas très logique moi je trouve. Cela manque de cohérence.

Je préfère nettement la phrase d'Edison :"la création c'est 1% d'inspiration et 99% de transpiration". La voilà la réalité du créateur. Cela peut paraître dur, rébarbatif mais on voit bien que la réalité est quand même plus ouverte en possibilités que les croyances que je viens d'évoquer. Au moins l'espoir de se prendre en main pour y arriver ne nous est pas enlevé.

Maintenant que la question des croyances limitantes est plus ou moins réglée (enfin j'espère c'est coriace ces trucs là). Passons maintenant aux problème d'organisation et de méthodologie...

D'abord le support. Je pense que je devrais passer à la palette graphique pour les croquis qui ne sont pas faits in situ, sur le vif et à l'extérieur. Ou alors travailler sur des papiers pas terribles déjà imprimés que j'allais jetter. Pourquoi ? parce que dès qu'une page est trop lisse, trop blanche (remarque la couleur ne fait rien à  l'affaire), trop vide hop ça y est, c'est reparti pour un tour... le mieux cherche à surpasser le bien. Le désir de faire bien trop bien ressurgit, le mythe du dessin abouti et léché du premier coup refait surface, c'est trop tentant
Alors que sur un papier pourri ou sur un écran, on s'en fiche. Pas de peur de gaspiller une belle feuille pour rien. Ce type de support, bizarrement, n'entraîne pas la peur de l'échec mais au contraire l'autorise, autorise la recherche, la fluidité et la liberté. Et là je retrouve l'esprit du dessin dans les marges des cahiers
Seul soucis c'est que tous les médiums ne sont pas utilisables donc ça dépend ce que l'on souhaite faire. Pour du croquis en tout cas c'est très bien. Le dessin aura, en plus, plus de mal à être exploitable tel quel ce qui au final explique ce sentiment de liberté. Difficile d'encadrer un dessin fait sur une feuille abîmée, froissée, sur laquelle il y a des écritures etc. Quoique il faut se méfier cela peut devenir un style

J'ai tenté la palette graphique et cela avait donné ceci, entre autre :




Et avec ce dessin, cela m'avait permis de faire un premier essai :




Puis de tester différents éclairages :




Et de finir par faire un dessin plus ou moins abouti au fusain :


Difficile d'arriver à la même chose aussi rapidement sur du papier. On ne peut pas sauvegarder une image et retravailler ensuite par dessus. Il faut tout refaire à chaque fois. Depuis j'ai compris plus de choses sur la lumière etc. donc je pense qu'un jour peut-être je referai ce dessin et qu'il sera encore meilleur.

Continuons sur les questions de méthodologie et organisation... Je sais, je sais, pendant que j'écris je ne dessine pas. Oui mais voilà parfois il faut poser son crayon et réfléchir pour avancer, y voir plus clair, prendre du recul et ne pas rester le nez dans le guidon. Ca n'est pas du temps perdu, on le regagne après !

Déjà je pense qu'il est nécessaire de bien distinguer un dessin de travail, d'étude, préparatoire d'un dessin destiné à être abouti, léché. Ca n'a pas toujours été clair pour moi jusqu'à il y a peu. Les cours m'ont aidé à faire la distinction... mais ça a du mal à rentrer. Donc déjà décider de ce que l'on fait. On a 4 possibilités à mon avis soit il s'agit :
    - d'un dessin d'apprentissage, une étude, un test
    - d'un dessin préparatoire à un dessin abouti (plusieurs sortes dans cette catégorie)
    - un dessin abouti (ce terme ne me convient pas mais j'en trouve pas d'autre)
    - un dessin échauffement ou un dessin plaisir : presque sans autre objectif que se délier un peu la main et se détendre.

Chaque type ne va pas nécessiter le même support, la même attitude mentale, la même organisation/méthodologie puisque l'objectif est différent. D'où l'intérêt d'y avoir réfléchi dès le départ, avant de se lancer car je crois qu'on lève ainsi pas mal de difficultés. D'où l'intérêt du coup de s'organiser pour faire des séances distinctes et régulières pour chacun des types de dessin.

Maintenant le dessin abouti, puisqu'il me fait bien trembler et transpirer celui-là. Jusqu'à présent je me lançait dedans sans véritable méthode pour assurer mes arrières et mettre toutes les chances de mon côté pour le réussir. Vu comme ça, normal de se crisper et de trembler.

Je pense qu'il faut penser que le dessin abouti est un projet en soi. Et qu'en tant que projet, il nécessite une méthodologie, des moyens et des étapes.

1-il me semble que je devrais définir le projet : qu'est-ce que je souhaite faire exactement ? Quelle image ? dans quel médium ? etc.

2-je devrais à partir de là voir quels sont les moyens et le matériel que cela nécessite pour y arriver. Bref de quoi j'ai besoin ?

3-Faire le point sur ce dont je dispose déjà... et ce qui me manque. Et me poser la question : est-ce que j'ai les moyens actuellement d'acquérir ce qui me manque pour réaliser ce dessin ? Si oui, où puis-je trouver ces ressources ? Que ce soit du matériel à acheter ou des connaissances à acquérir etc. c'est important de savoir avec quoi on part et si c'est faisable. Dans cet inventaire, voir aussi les difficultés techniques qu'impose le dessin final auxquelles on se confronte et qui va nécessiter, un travail d'essais et d'études pour chacun de ces points (perspective, texture, lumière particulières, nouveau médium peu connu de nous etc.)

4-Prendre un temps pour faire l'apprentissage et les tests nécessaires avant de se lancer dans la version finale.

5-Exécution de la version finale dès que tout est prêt, que les connaissances sont à peu près acquises, que les tests sont suffisamment concluants etc.

6-Si un problème survient, un blocage etc. pendant l'exécution de la version finale (comme cela m'arrive en ce moment) il faut s'arrêter. Je pense qu'il est nécessaire d'essayer de prendre le temps de comprendre ce qui nous bloque, de le rationaliser. Je pense que c'est souvent (en tout cas pour moi en ce moment) dû à une difficulté technique inattendue. Dans ce cas, l'identifier peut aider à aller chercher les informations et ressources pour résoudre le problème.

7-Refaire des études, des tests à côté du dessin final pour vérifier quelle est la bonne solution au problème ou pour améliorer, combler une faiblesse technique.

8-à partir du moment où les dessins préparatoires sont concluants, reprendre le dessin final.

9-en cours d'avancement, ou une fois achevé, il peut être bon de demander un avis à des potes dessinateurs. En effet, ils auront un regard plus objectif et neuf que le notre pour corriger quelques défauts que l'on n'avait pas vu ou des petits trucs pour le rendre encore meilleur.

10-Corriger ce qui a encore besoin de l'être... puis savourer le travail accompli !

Et c'est là que l'on voit combien les croyances sont éloignées de la réalité ! Difficile de faire une vrai œuvre aboutie du premier coup comme ça hop sur un coup de tête ! Ça peut arriver mais c'est très rare. Même chez les plus grands d'ailleurs. Qui ont bossé bossé bossé. pfff c'est un peu rébarbatif par moments mais c'est comme ça.

Bon bin sur ce, maintenant que tout est plus clair et que j'ai un fil à suivre... je quitte la plume et je reprends les crayons

Crayons de couleur : le retour

(ancien article : 15/03/2010)
......Suite à mes déboires concernant mes vieux crayons de couleur pas terribles... Je me suis procurée une petite boite de 12 crayons Caran d'Ache : la crème de la crème.

Ils sont aquarellables ce qui signifie qu'ils offrent vraiment beaucoup de possibilités.

Me voilà donc de retour et bien armée

Allez je ne résiste pas, voici mon premier essai :



Rien à voir avec la précédente n'est-ce pas ? La seule chose que je regrette c'est que le rouge de ma boîte est un peu froid. Mais il faut convenir qu'il se passe quelque chose de plus fort et plus léger que dans l'autre dessin même si on ne tient pas compte des affreux traits noirs.

Autre essai encore plus concluant, je l'aime beaucoup.





Là, vraiment je suis fière du modelé, de la lumière et du rendu. L'effet de matière dans la partie ombrée est aussi sympathique. Cela donne de la présence à mon abricot.

Vraiment ces deux dessins ont une vibration et une présence tout en douceur et légèreté. Cela me semble très adapté justement à un imagier pour enfant. Un regard sur les objets et le monde tout en nuances et tendre... mais sans en perdre les aspects colorés et sensibles.

Je crois que là on se demande qu'est-ce que viendrait faire un détourage en noir... au final je trouve que cela alourdi beaucoup les dessins et j'ai personnellement l'impression qu'il y a peu de cas où c'est vraiment adapté. Ou alors c'est que cela ne me correspond pas. Deuxième hypothèse possible aussi : je ne le maîtrise peut-être pas assez.

Il ne me reste plus qu'à choisir dans la bibliographie impressionnante qui existe aux US (un seul pauvre bouquin en français) pour améliorer ma technique et dompter la bête

Depuis cet articles, d'autres dessins de fruits aux crayons de couleur :