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dimanche 7 août 2011

Ce que nous apprend la copie

 (ancien article : 20/02/2011)

Me revoili me revoilà,

J'ai fait dernièrement une copie d'un dessin de Kalvin et Hobbes pour mon fils de deux ans. 





Je me suis rendue compte que cela avait soulevé des problèmes techniques et questions intéressantes... ainsi qu'ouvert des réflexions, constatations sur la technique de l'artiste. C'est un peu de l'archéologie expérimentale finalement : aborder la technique et l'esprit de l'artiste... remonter le courant, décortiquer et comprendre. Peut-être pas tout, mais au moins ce qui peut nous intéresser nous.

Je trouve que copier une oeuvre que l'on aime pousse à se poser des questions en amont sur la démarche... mais moi (et c'est ce que j'aime bien) c'est aussi pendant l'exécution que je découvre plein de choses et que le geste, la démarche etc. se dévoilent.

Je pense que c'est de la prise d'information et une ouverture sur des façons de faire, des gestuelles etc. voire parfois des réponses possibles sur nos points faibles, sur ce qu'on ne sait pas très bien faire. Mais tout ça à condition, je pense, de choisir ce qui tombe au bon moment par rapport à notre démarche etc. et de varier pour voir plusieurs solutions possibles notamment et pour rester dans l'ouverture.

Il n'y a pas que les grands noms qui nous apprennent quelque chose. Je trouve que l'important c'est de trouver une œuvre qui nous attire, que l'on aime et qui semble correspondre, contenir aussi ce que l'on recherche dont certaines difficultés (sinon c'est pas drôle). Et je trouve que c'est au moment de la copie que l'on se rend parfois compte d'une partie des difficultés et c'est à ce moment souvent que je prends toute la mesure du chemin à accomplir pour moi et que j'ai envie de tirer mon chapeau à l'artiste qui l'a produite... et de le remercier pour la leçon.

Après je trouve aussi qu'il y a plusieurs manières de faire de la copie... du simple croquis plutôt rapide pour saisir rapidement (mais ça marche pas toujours lol) certains points. Et la copie plus sérieuse et approfondie... là j'ai tendance à utiliser la mise au carreau.
C'est un peu un carcan mais c'est parce qu'en général je n'ai pas envie (ou la capacité) de m'embêter avec la construction (enfin façon de parler), que je veux quelque chose de bien en place et propre et plutôt me concentrer après sur le reste : rendus, utilisation des médiums etc.

Pour résoudre le problème du manque de fluidité du trait dû à la mise au carreau... tout simplement je fais une mise en place générale et très légère avec et puis un second passage où j'essaie de regarder l'œuvre plus directement et de refaire des traits en les fluidifiant, en faisant des gestes plus continus.

Maintenant ce que la copie de Kalvin et Hobbes m'a appris :

J'ai justement beaucoup senti ce soucis sur Kalvin et Hobbes car je me suis rendue compte que le plus gros du travail pour ce type d'oeuvre c'est justement le trait. J'en ai bien bavé pour le rendre plus fluide au crayon et encore pire au feutre. C'est une bonne école du trait ! Sa largeur évolue et on doit tout faire en un seul coup au feutre aïe aïe le stress ! Il faut donc bien penser les choses, notamment le sens du geste. Et je me suis rendue d'ailleurs compte que certaines directions ne me posaient aucun problème : bonne fluidité, maîtrise de la qualité et direction du trait donc confort et plaisir. Et puis d'autres aaarg sensation de gêne et l'impression d'être handicapée ou que le feutre se rebellait. Et d'autres encore comportaient des changements de direction en cours de route, difficile de ne pas s'y reprendre à deux fois arrrg encore.
J'ai noté quand même une chose c'est que ce sont des dessins qui étaient exécutés pour un journal donc tous les jours ou toutes les semaines... et que ses traits n'étaient pas aussi "clean" que j'aurais pu m'y attendre. Il y a pas mal de reprises etc. bref les designers semblent d'avantage maîtriser en définitive cet aspect.
J'ai aussi appris que c'est le trait et la déformation des proportions des personnages qui donnait l'expressivité à ce type de dessin. C'est ce qui est recherché avant-tout. Et ça me paraît effectivement efficace et bien traité par l'auteur.
Ensuite il y a la couleur, elle est là pour animer un peu mais bon ça n'est pas l'essentiel : juste des aplats... sauf à quelques rares endroits où il s'est permis des nuances pour un tout petit peu de relief. Très minimaliste sur le modelé et cela semble volontaire.

Et puis aussi grosse galère sur la mise au carreau : j'en pouvais plus (mais les croquis faits en amont n'étaient pas satisfaisants et exploitables) car justement c'était des traits partout. Il fallait donc être précis. Et un grand plaisir une fois fait, ça a été super la suite : le cadre en place à moi la liberté !

Inutile de dire que mon fils adore ce dessin, qui trône maintenant dans sa chambre et l'anime joyeusement.

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